On se presse aux Tribunes !

 

 

          

 

 

  La manifestation des « Tribunes de la presse » est organisée depuis deux ans maintenant. Elle apporte un regard citoyen sur le métier de journaliste et sur la censure. Cette année, la manifestation s'est déroulée du 17 au 19 octobre au TNBA à Bordeaux. La classe de 2°7 du lycée Max Linder,  dans le cadre de leur enseignement d'exploration, Littérature et société, et de leur travail sur la presse, a assisté aux conférences du jeudi matin  : « combattre la censure » et « la censure vue de France ».

La conférence « Combattre la censure » était animée par Agnès Gaudu, chef du service Asie pour Courrier international. Etaient  présents Anne-Marie Mergier, co-fondatrice du magazine mexicain, Proceso, Christophe Deloire, directeur général de Reporters sans Frontières (RSF), et Chang Ping, éditorialiste chinois exilé en Allemagne.

 

Christophe Deloire de Reporters Sans Frontières rappelle les différentes formes de censure, à savoir les exactions violentes (88 journalistes ont été tués en Syrie) et les détentions (187 journalistes professionnels et également 185 blogueurs détenus dans le monde dont 35 au Vietnam).

La liberté de la presse est différente dans chaque pays. Il y a les pays que RSF appelle les « trous noirs de l'information » comme la Corée du Nord, le Turkménistan ou l'Erythrée où les journalistes meurent prisonniers dans des camps. Il y a aussi les pays où la marge de  liberté est réduite comme la Chine. La violence est souvent utilisée pour faire peur aux journalistes. Les pays intimidateurs comme la Russie maîtrisent l'information avec la publicité car la publicité est une des ressources des journaux.  Dans les démocraties comme la France, les journalistes peuvent s'autocensurer.

Le magazine mexicain, Proceso, est tiré à environ 100 000 exemplaires. Il est politiquement neutre. Le Mexique est une démocratie, située entre plusieurs pays producteurs ou consommateurs de drogues. La drogue infiltre donc les partis politiques au Mexique. Proceso a plusieurs rubriques, notamment : la rubrique fixe « Narcotrafico » qui parle de trafic de drogue, et les enquêtes sociales. Le gouvernement mexicain censure indirectement les numéros de ce magazine. Lorsqu'une édition lui est défavorable, il achète tous les exemplaires qui sortent de façon à ce que le peuple ne le lise pas et soit pas au courant de ce qui se passe réellement. Le gouvernement propose aussi des postes plus rémunérés aux journalistes pour qu'ils quittent le magazine. Les conversations étaient sur écoute. Au Mexique, lorsqu'un journaliste délivre trop d'informations secrètes ou désavantageuses, on va chercher à faire pression pour qu'il ne les diffuse pas, ou pire l'assassiner. On lui envoie d'abord un message d'avertissement, mais s'il continue la publication de ces informations, il est kidnappé (17 journalistes portés disparus), voir torturé et s'il n'arrête pas, il est tué.

Anne-Marie Mergie raconte : " Un journaliste a été enlevé pendant trois jours, torturé puis relâché. Il s'est exilé un an en Allemagne. Une autre journaliste de Proceso a été massacrée le 27 avril 2012 à son domicile. Le magazine a exigé une enquête sur son cas."

 

Chang Ping, l'éditorialiste chinois, évoque le cas de son pays. "Les internautes publient des articles sur des micro-blogs pour dénoncer le mensonge proféré par certains journalistes ou le gouvernement".   Il cite l'exemple de l'ex-dirigeant de Microsoft chinois. Celui-ci  était soi-disant atteint d'un cancer alors qu'il était en parfaite santé.  La Chine a donc lancé une campagne contre les micro-blogs.

 

 

            A 11h30, un second débat a été proposé, toujours sur le même thème, mais avec une perspective différente : « la Censure vue de la France ». Les intervenants  Jean-François Julliard, rédacteur en chef du  Canard Enchaîné  et Jean-Marie Charon, sociologue, ont expliqué les circonstances de la création du journal satirique « Le Canard Enchaîné ». Ils ont aussi abordé les trois grands types de censure : celle qu'on impose aux journalistes (exercée par les pouvoirs autoritaires, les gouvernements), la censure qui s'impose aux journalistes (certains journaux appartiennent à des groupes industriels, et les journalistes risquent le renvoi s'ils disent du mal de leur société), et celle que les journalistes s'imposent eux-mêmes (« l'auto-censure »).

            Faute de temps, les élèves n'ont pas pu assister à toutes les conférences proposées par les Tribunes de la Presse. Les élèves ont compris ce que la liberté d'expression et l'importance de la préserver grâce aux différents intervenants. La censure est le fait d'empêcher par un moyen ou un autre de faire circuler une information. C'est aussi le fait de manipuler l'interprétation de l'information. La censure existe partout, même dans les pays démocratiques. Etre journaliste aujourd'hui, c'est prendre des risques, en particulier les grands reporters qui mettent leur vie en danger. On peut rendre hommage aux deux journalistes qui ont récemment été assassinés au Mali.

 

Mais les deux conférences ont attiré beaucoup de monde, surtout les lycéens. "On pense que ces conférences seraient bénéfiques pour notre apprentissage", confient certains élèves avant leur départ aux Tribunes.   « Toutes ces conférences, bien que longues, ont été très enrichissantes», admet Etienne.

          

  Les professeurs, ravies que cette sortie ait plu à leurs élèves,  vont pouvoir continuer à débattre avec eux sur ce sujet.         

 

 

 

                                                                                                                                             Article rédigé par 2nde7

17 octobre 2013 : première conférence "Combattre la censure"
17 octobre 2013 : première conférence "Combattre la censure"